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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

comprendre les cris. « Quinze… trente… quarante »…

— Play ?

— Ready !

C’est au tour d’Arlette de « livrer ». Les balles rapides, légèrement « coupées », rasent le filet et la bande, avec un bond si allongé, un angle si aigu qu’il est impossible de les reprendre. En cinq coups, le jeu est gagné…

Mais trois minutes plus tard, malgré ce sursaut de défense, la première manche est perdue. Et la jeune fille condescend à dire :

— C’est moi qui vous ai fait perdre… Si je joue si mal, c’est que je suis énervée… Mon fiancé devrait être ici depuis une heure. Et il n’arrive pas !… Excusez-moi…

Pour la seconde manche, les adversaires changent de côté. Mais avec ou sans soleil, Clotilde est toujours aussi maladroite. Arlette gagne son nouveau service, mais le bilan est de « cinq jeux à un » lorsque sa partenaire lui dit :

— Enfin, voici Jacques !

Jacques ? C’est Jacques de Fleurville.

Malgré elle, Arlette se mord la lèvre. Elle éprouve autant d’émotion que de surprise. Elle aurait préféré ne plus le voir. Les renseignements que Telcide lui a donnés l’ont mise dans un état d’esprit étrange vis-à-vis de lui. Elle n’a personnellement rien à lui reprocher. Mais la peur d’être dupe lui commande la prudence et même la méfiance.

— Je suis désolé, dit Jacques à sa fiancée. Un pneu crevé m’a mis en retard…

— Vous n’êtes jamais pressé de me rejoindre…

— Mais je vous assure…

— Faites-moi grâce de vos excuses… Je suis exténuée… Prenez ma raquette et jouez à ma place… Mademoiselle ne s’en plaindra pas… Vous êtes certainement meilleur joueur que moi…

Jacques se retourne et voit Arlette :

— Vous ici ?… Ah !… par exemple !…

Ils se serrent la main…

— Comment allez-vous ?

— Je vais bien… Et vous ?