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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Une demi-heure se passe. Elles croient être encore dans les environs et constatent qu’elles commencent à s’habituer à « ce mode de locomotion moderne », lorsque, au bout d’une avenue bordée de peupliers, elles aperçoivent un château.

Une grande grille s’ouvre devant elles. Les pneus font chuchoter un chemin de gravier fin, arrondi autour d’un bassin. L’automobile se range au pied d’une terrasse. Ces demoiselles sont arrivées ! Mme Barthier-Wisques et Jessy les attendent…

— Vous avez fait bon voyage ?

— Excellent !

— C’est Arlette qui vous a conduites ?… Elle mène parfaitement.

— Oui… Nous l’ignorions…

Pendant que la maîtresse de maison fait les honneurs de son château, Jessy entraîne son amie du côté du tennis.

— Je vais te prêter une raquette, des souliers… Nous avons quelques bons joueurs…

— Hélas ! j’ai perdu mon entraînement…

— Tu le retrouveras vite !…

Devant les deux « courts », Arlette est présentée à quelques jeunes gens et jeunes filles. Le hasard la désigne pour être la partenaire d’une jeune fille, qu’on appelle Clotilde et qu’on lui a présentée comme étant fiancée. Elle est grande, avec le teint brun, les traits durs. Elle est fière et hautaine.

— Je plains celui qu’elle va épouser, ne peut s’empêcher de penser Arlette…

Mais tout cela ne serait rien si cette Clotilde jouait bien au tennis. Or elle perd son « service » en jetant régulièrement sa première balle dans le filet et la seconde « out ! » Pour s’excuser, elle prétend que le jeu est mal tracé et que le terrain va en pente. Elle s’avise même de donner aux autres des conseils. Arlette a assez de présence d’esprit pour n’y pas répondre, mais elle eût aimé triompher, devant le cercle des invités, qui suivent la partie. Ses cousines ne sont-elles pas elles-mêmes assises sur la pelouse ? Bien sages dans leurs fauteuils de rotin, les mains croisées sur leurs jupes de cachemire, elles écoutent sans les