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PREMIÈRE PARTIE


CHAPITRE PREMIER


— Bob, la tête haute !… Peggy, rentrez la langue…

Arlette n’aime pas d’être seule. Lorsqu’elle travaille dans le boudoir mauve, qui lui sert d’atelier, elle ne manque jamais d’installer ses deux chiens sur les coussins de son petit canapé.

Tantôt elle les rudoie, tantôt elle les embrasse, en les ébouriffant d’un doigt preste, sa grande préoccupation étant de les intéresser à ce qu’elle fait :

— Regardez, Bob… votre maîtresse peint à l’aquarelle le bouquet de roses, qu’elle a dressé si délicieusement sur ce guéridon Louis XVI…

Bob, flatté d’être traité en critique d’art, éternue de joie.

— Croyez-vous, Peggy, que mon chef-d’œuvre aura le don d’émouvoir les foules ?

Peggy écarquille ses yeux, qui sont toujours encombrés de poils. Il secoue son dos et se met en mesure de boire l’eau de la soucoupe, où trempent les pinceaux.

Arlette le saisit et lui applique sur le museau deux baisers sonores :