Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée
132
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

lire si bien. C’est elle qui vous interrompra pour vous demander : « Ulysse qu’est-ce que tu veux que je te fasse demain pour déjeuner ? » C’est à elle que vous confierez vos peines. C’est elle qui vous dira ses joies… C’est elle qui guérira vos rhumatismes…

— Mais… mais… mais je n’en ai pas…

— Tant mieux… Cela prouve que vous avez eu une jeunesse sage.

— Oui… Hélas ! Quand je vois où cette sagesse m’a mené, je regrette de n’avoir pas, avec des compagnons de plaisir, couru les cafés et les festins. Je regrette…

— Ne regrettez plus, monsieur Hyacinthe… Je vous apporte la récompense…

— Vous vous moquez…

— Non… Je vous apporte l’amour de ma cousine Marie Davernis.

— Je deviens fou ! Je deviens fou !

— Calmez-vous, voyons… Ma cousine Marie vous aime. Je sais que vous l’aimez… N’hésitez pas… Mettez votre plus belle redingote et venez lui demander sa main… Elle vous l’accordera… Et vous formerez un couple… ravissant…

Elle a dit tout cela d’un trait pour qu’il ne puisse pas l’interrompre. Il a le front penché sur ses copies. Le soleil miroite sur son crâne et joue avec les cheveux follets de son cou. Au moment ou il relève la tête pour voir si Arlette parle sérieusement, un rayon lui tape en plein dans l’œil. Il n’en faut pas plus pour qu’il se décontenance encore davantage…

— Êtes-vous… êtes-vous bien certaine que votre… votre cousine ait un penchant pour moi » ?

— Je sais par cœur toute votre histoire…

— Vous ?

— Oui… Je sais qu’un jour vous avez, dans l’enclos, ramassé un gant de ma cousine Marie… Je sais qu’une autre fois vous l’avez ramenée sous votre parapluie et que vous avez profité de l’occasion pour lui détailler l’emploi de votre journée… Je sais que vous l’avez revue chez ces demoiselles Lerouge et qu’ensemble vous avez mangé des caramels…

— C’est elle qui vous a mise au courant ?