Le lendemain matin, Arlette s’éveille au bruit que fait Marie en entrant dans sa chambre :
— Vous avez dormi tard, petite cousine. La tombola vous a fatiguée. J’ai entendu la messe toute seule. J’ai prié mes sœurs de vous laisser reposer…
— Quelle heure est-il donc !
— Huit heures.
— Déjà ?
— Le temps est splendide. Ce soleil est une joie… Comme Marie, enthousiaste, ouvre la fenêtre, Arlette constate que le soleil n’est pas plus lumineux que les autres jours. Au contraire ! Elle le trouve plus gris. Comme quoi les couleurs qu’on prête aux êtres et aux choses dépendent surtout des couleurs que l’on a dans l’âme !
Arlette est de mauvaise humeur. Elle a beaucoup réfléchi pendant la nuit. Elle n’arrive pas à s’expliquer pourquoi, étant fiancé, Jacques a pour elle des prévenances aussi gracieuses. Est-ce qu’il prétendait la traiter comme ces petites jeunes filles avec qui l’on flirte et que l’on abandonne au premier jour sans se soucier du chagrin qu’elles peuvent avoir ?
Cela, jamais Arlette ne le permettra.
Pour l’instant, elle est inquiète, nerveuse. Non pas qu’elle soit jalouse, mais le bonheur trop manifeste de Marie lui fait mal…
Celle-ci, à la fenêtre, ne se pâme-t-elle pas !
— Comme c’est beau, un jour d’été !
— Oh ! il ne faut rien exagérer !
Arlette a dit cela d’une voix si agacée que Marie comprend son indiscrétion :