Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée
118
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

On se lève… on se tourne… On se retourne… On s’appelle… Les conversations reprennent, presque toutes incohérentes…

Marie, soudain enhardie, adresse la première la parole à M. Hyacinthe.

— Il fait bien chaud, lui dit-elle.

— Oh ! oui, répond-il… Si j’avais prévu, j’aurais pris mon thermomètre… Je vous aurais indiqué le nombre de degrés…

Comme si elle prononçait là une phrase particulièrement grave, elle réplique :

— Cela m’aurait fait grand plaisir…

— Pas tant qu’à moi, ajoute-t-il.

Et c’est tout !… Leur conversation sombre dans un nouveau silence…

Arlette est trop occupée pour s’en apercevoir. Jusque-là, prise dans le tourbillon des circonstances, continuellement en mouvement pour donner des ordres, elle n’a pu échanger avec Jacques que des boutades. Mais, le calme établi, elle entend lui demander si la nouvelle de ses fiançailles est exacte. Oh ! par curiosité simplement ! Du moins, elle le pense !

Elle l’interroge franchement. Il lui répond :

— Oui, c’est exact… mais rien n’est encore officiel…

Elle le félicite. Il la remercie. Mais ils n’ont pas le loisir de s’étendre sur ce sujet. M. Hyacinthe, à qui Marie tourne presque le dos, les regarde d’un air piteux.

Pour le secouer, Arlette lui dit, non sans une certaine brusquerie :

— Ma cousine Marie vous parle.

Aussi vite que sa corpulence le lui permet, il effectue un demi-tour sur sa chaise. Bien entendu, Marie n’a pas articulé un mot. Il ne lui en murmure pas moins :

— Vous dites. mademoiselle.

— Rien, monsieur.

— Ah ! pardon ! je croyais…

— Non, monsieur…

— Excusez-moi…

— Vous êtes tout excusé…

— Ne trouvez-vous pas qu’il fait moins chaud ?…