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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

littéraire ? demande-t-il comme s’il ne voyait pas les drapeaux, les écussons et les guirlandes…

— Oui… Entrez… et dépêchez-vous, lui répond celui des deux qui le prend pour un artiste… C’est bientôt votre tour…

Arlette paraît alors comme par hasard :

— Oh ! bonjour, monsieur Hyacinthe…

— Bonjour, mademoiselle…

Comme ce sont les dernières mesures de l’ouverture, l’orchestre est en pleine fureur. Les musiciens, sachant qu’ils vont pouvoir se reposer, donnent tout leur souffle. C’est une grande marée dans un ouragan. Il faut croire que M. Hyacinthe est sourd, car il demande :

— Est-ce que c’est commencé ?

— Oui…

Elle l’emmène du côté du vestiaire :

— Vous désirez sans doute déposer votre valise ?

— Non, non… J’en aurai besoin tout à l’heure… Cette réponse est tellement imprévue qu’Arlette ne trouve rien à répliquer. Les mots s’arrêtent sur les lèvres. Et l’orchestre s’arrête aussi. Mais ce n’est qu’une coïncidence.

— Monsieur Hyacinthe, dit-elle enfin, comme votre présence me réjouit ! Je n’osais pas espérer qu’un homme de votre importance se dérangerait pour une fête quasi familiale…

Le gros professeur, en guise de remerciment, laisse tomber :

— Eh bien ! tant mieux !…

Comme les jeunes gens de la Jeunesse catholique applaudissent à tout rompre, dans le tintamarre il se laisse choir sur un des pliants, qu’on a apportés au fond de la salle. Mais cela n’est pas prévu dans le programme d’Arlette :

— Voyons ! levez-vous… Vous n’allez pas rester là… M. le Grand Doyen m’a chargée de placer autour de lui les personnalités de la ville. Suivez-moi.

— Non, non.,

— Pourquoi ?

— Je suis très bien ici.

— Mais vous ne verrez rien…

— Ça m’est égal…