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CHAPITRE VI


Devant Arlette qui joue à la porte le rôle de sœur Anne, deux agents de police, qui sont là de surveillance, prennent un air goguenard :

— Elle est gentille, la petite demoiselle ! dit le premier…

— Tu parles si ça change des autres ! répond le second…

Mais Arlette est trop soucieuse pour sourire de leurs appréciations. Quand elle aperçoit M. Hyacinthe, qui descend la rue, tranquillement à pas mesurés, elle pousse un cri de joie :

— Enfin !

— C’est son père ! dit le premier agent.

— Non, réplique le second. Tu vois hien que c’est un de ses artistes. Il est déjà costumé…

M. Hyacinthe a revêtu son costume le plus somptueux : une redingote, que son embonpoint soumet à des efforts de plus en plus tendus. C’est qu’elle ne date pas d’hier. Il l’a inaugurée il y a douze ans. Et dame ! depuis lors il a grossi. L’étoffe se tire tellement à l’endroit des boutons que ceux-ci ressemblent à des comètes, dont la queue en éventail est faite d’une infinité de plis.

Et il porte sa valise jaune !

Pourquoi ? Mystère ?

Son chapeau haut de forme à la main, comme s’il demandait l’aumône, il s’adresse aux deux représentants de la force publique, car Arlette s’est dissimulée derrière une tenture pour ne pas trahir son impatience :

— Est-ce ici qu’a lieu la représentation artistique et