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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Est-ce assez ingénieux ! prononce M. le Grand Doyen… Voici la petite fée ordonnatrice…

Et il présente Arlette.

— Monsieur le Grand Doyen, répond celle-ci, je ne vous ai pas encore indiqué votre place. Ce beau fauteuil au dossier majestueux, aux bras accueillants, vous est réservé. Désirez-vous un coussin pour les pieds ?

— Non, merci, mon enfant…

Déjà l’auditoire commence à être très serré. Tout à coup, il y a comme une panique. On s’agite, on remue les chaises. Une masse noire passe au-dessus des têtes, écrase des chapeaux :

— C’est sans doute une autorité…

— Non, monsieur le Grand Doyen, c’est la grosse caisse pour l’orchestre…

Cependant, Arlette pense, devant la foule qui ne cesse de croître : « C’est effrayant ce qu’il faut mettre de monde en circulation pour obtenir qu’enfin Marie épouse son maître d’école ! »

Ne voilà-t-il pas qu’on manifeste l’intention d’envahir les places réservées ? Pour que son plan n’échoue pas au dernier moment, Arlette charge deux commissaires, des petits jeunes gens bien « comme il faut », de garder ses chaises.

Pourvu que M. Hyacinthe ne manque pas au rendez-vous !…

De loin on aperçoit ces demoiselles Davernis à la porte. Du moment que la fête est réussie, Telcide se plaît à s’en approprier les honneurs. Elle fait figure d’organisatrice.

Mais Arlette s’inquiète de plus en plus. M. Hyacinthe n’arrive pas. Dans un quart d’heure, l’orchestre attaquera magistralement une ouverture, qui signifiera la fermeture des portes.

Et Jacques de Fleur ville ? viendra-t-il ?

Dans ce mouvement et dans ce bruit. Arlette s’étonne elle-même de penser à lui. Elle va vers la porte comme si les retardataires pouvaient en être là plus vite.

Un des deux petits jeunes gens bien « comme il faut » lui signale que trois dames veulent forcer le