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CHAPITRE V


Un groupe stationne devant la porte, sur le trottoir…

De toutes les rues avoisinantes, des familles arrivent. Les enfants, qui craignent d’être en retard, traînent leur mère ou courent en avant en éclaireurs. Il y a là de grands garçons de quinze ans, qui ont poussé comme des « asperges » et qui ont encore des pantalons courts aux jambes collantes. Les jeunes filles portent sur la poitrine leur médaille d’enfants de Marie. Les membres de la Jeunesse catholique ont la croix de Malte à la boutonnière. Des prêtres âgés, d’un embonpoint imposant, accompagnent de jeunes abbés sympathiques. Des dames élégantes, aux chapeaux empanachés et aux gants blancs, s’immiscent entre les rangs d’orphelines sombres.

L’air important, le chapeau en arrière, un jeune homme fend la foule. Il distribue des poignées de main et crie : « Bonjour, mon cher… Mes hommages, madame… » On lui répond : « Bonne chance… Nous allons vous applaudir. » C’est un des artistes inscrits au programme.

M. le Grand Doyen est déjà dans la salle. Le dos appuyé à la scène, debout, il s’amuse du spectacle que lui oflre le public se précipitant pour retenir les chaises.

D’immenses tentures de velours rouge sont fixées d’un bout à l’autre avec des franges et des glands d’or. Des guirlandes de papier coloré entourent des oriflammes bleues de Jeanne d’Arc.

Des feuillages et de l’andrinople drapé dissimulent le devant du proscenium. La rampe, faite de gazon et de fleurs, est une plate-bande.