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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Encore un lot !

— De qui ?

— On ne sait pas.

— Attention ! c’est fragile !…

Devant les quatre têtes, qui se baissent, anxieuses, Arlette dénoue la ficelle dorée. Le papier recouvre un écrin de satin bleu pâle. Et cet écrin contient une bonbonnière en vieux Japon si translucide qu’à travers sa porcelaine on aperçoit la forme rose des doigts :

— Oh ! elle est ravissante ! dit Arlette.

Les quatre demoiselles ne formulent aucune opinion. Dès que les choses atteignent un certain degré, elles ne sont plus de leur domaine. Il leur faut de la réflexion pour qu’elles se hasardent à risquer un avis :

— Comme ces oiseaux sont finement peints !… et ce paysage en miniature, cette pagode…

Arlette s’extasie.

— Qui vous envoie cela ? demande Jeanne.

— Je ne sais pas. Il doit y avoir une carte ? Cherchons-la…

En la trouvant dans les papiers, Telcide manque s’évanouir. Elle lit le nom de Jacques de Fleurville.

— Le fils du propriétaire !

Arlette vérifie l’adresse. Jacques de Fleurville s’est souvenu de son petit nom. Elle en éprouve une joie très douce, sans raison cependant, puisqu’il est fiancé !…

Elle n’écoute pas Telcide, qui maugrée :

— Il a payé cette bonbonnière au moins cent francs. Il aurait mieux fait de réparer notre « nochère ».

Elle songe que tout à l’heure, dans une de ses enveloppes parfumées, elle glissera le ticket de la place n° 37 et de sa plus belle plume, elle écrira : « Monsieur Jacques de Fleurville ».