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CHAPITRE IV


Les rideaux sont propres, d’une blancheur crue, avec des plis raides, car ils sont à demi empesés. Des housses immaculées recouvrent les meubles. Le globe de cristal de la pendule est si clair que, dans sa transparence, on aperçoit l’image des fenêtres déformées selon la courbe. Les boutons de cuivre aux portes luisent comme de l’or jaune, tant ils ont été frottés. Le grand corridor, lavé, relavé, est plus humide que jamais.

Le bataillon des chanoines est en ordre sur le mur. Le chanoine Buran est rentré en grâce.

Dans les armoires, les piles de linge sont alignées harmonieusement. Pas un cordon de tablier ne dépasse. Une odeur de lavande s’en exhale. Ces draps, ces serviettes, ces taies d’oreiller ont séché dans la campagne et se sont imprégnés de l’odeur fraîche des herbes.

Plus rien ne traîne. Tout est net. Sur les cheminées, les vases ont été vidés des bouchons, des bobèches ébréchées, des bouts de ficelle pleins de nœuds, des épingles à cheveux, qu’on y trouve fréquemment.

Dans la cuisine, Ernestine est comme un général au milieu de ses troupes, un jour de revue… L’escadron des casseroles de cuivre, le régiment des plats d’étain, l’artillerie lourde des marmites en fonte, l’artillerie légère des cocottes en terre… tout cela rutile à sa place, par rang de taille, en bonne position, admirablement aligné et astiqué, devant le plumeau, sorte de général à panache.

Le grand nettoyage du printemps est terminé…

Ces demoiselles Davernis sont bien lasses. Elles ont