responsables. Arlette constate qu’il a les yeux tout petits et tout drôles :
— Et puis un jour, continue-t-elle, vous vous apercevez que vous avez eu tort de ne pas fonder un foyer… Et vous vous dites : « Il est trop tard !… » Mais sapristi ! il faut réagir, monsieur Hyacinthe… Une femme est nécessaire à l’homme…
— Oui… pour le linge !
La réponse est trop imprévue pour qu’Arlette n’en soit pas elle-même interloquée…
— Pour le linge !
— Oui… mon linge s’abîme… Jadis maman le recousait toujours avant de le remettre à la blanchisseuse… Et elle le comptait !… La semaine dernière, on m’a rendu une chaussette de moins…
— Vous le voyez bien !… Mariez-vous… Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le au moins pour vos chaussettes.
— Me marier ?… me marier ?… vous croyez que c’est facile !
— Il y a tant de jeunes filles, dont tout le rêve est d’épouser un professeur… D’ailleurs, quand on a votre situation et vos avantages personnels, on a dû aimer… et être aimé… Je suis convaincue que si vous regardiez au fond de votre cœur… Mais je me mêle là de questions intimes… Excusez-moi, cher monsieur. Je vous laisse… J’habite chez mes cousines, qui doivent m’attendre…
Elle pense qu’il va s’inquiéter du nom de celles-ci. Il se contente de lui ouvrir la porte en silence. Il est tout songeur ! Elle précise donc :
— Mes cousines sont les demoiselles Davernis !
Ils entraient dans le couloir. M. Hyacinthe s’arrête. Il relève ses lunettes sur le front, se croise les bras, et profère :
— Ah ! ces dames sont vos cousines ? J’ai logé jadis dans une maison voisine de la leur…
— Je suis orpheline… Elles m’ont recueillie… Elles sont si bonnes !
— Oui…
— Ma cousine Marie surtout est très gentille. Elle est d’ailleurs beaucoup plus jeune que ses sœurs.