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PENSÉES

moins de rassurant pour un vrai poète, si un vrai poète surgissait encore, c’est qu’il est difficile qu’un beau vers se perde. La postérité se charge presque toujours de le recueillir.

Il m’est impossible de tenir aux dévots le moindre compte de leurs vertus. La récompense à laquelle ils aspirent est si haute, qu’il y a lieu de s’étonner qu’ils n’en fassent pas davantage pour l’obtenir. Je n’ai pas non plus la moindre compassion pour leurs malheurs. Que sont ces tribulations d’un jour en regard de la félicité qu’ils attendent et vers laquelle ces mêmes afflictions doivent les acheminer ? Ces gens-là vivent dans un monde si peu humain, qu’il est permis de prendre à leur égard des sentiments qui ne le soient point.