poésies, inspirée par le sombre drame de l’existence, mais la gravité d’une raison en possession d’elle-même et qui s’exprime, sur son expérience, son observation et sa propre vie, avec une élévation et une modération remarquables.
Mme Ackermann applique à sa prose ce qu’elle souhaiterait pour la poésie en général : « Quand le poète chante ses propres douleurs, il doit avoir la note sobre. Les cris personnels déchirants ne sont pas faits pour la poésie[1]. » Et elle ne dit que quelques mots seulement de la perte de son mari : « Ma douleur fut immense[2]… »
Dans ses Pensées, elle en laisse pourtant échapper davantage :
« La musique me remue jusqu’en mes dernières profondeurs. Les regrets, les douleurs, les tristesses, qui s’y étaient déposés en couches tranquilles par le simple effet de la raison et du temps, s’agitent et remontent à la surface. Cette vase précieuse une fois remuée, je vois reparaître au jour tous les débris de mon cœur. »