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II
MADAME LOUISE ACKERMANN

tait pas plus grand que leur bonté et la loyauté de leur caractère.

Chez Mme  Louise Ackermann, une véhémente franchise s’alliait aux sentiments d’instinctive et naïve bienveillance de sa nature si en dehors. Ne le conçoit-on pas, d’ailleurs, en la lisant, et des accents aussi vibrants que les siens, exprimant la plus saisissante et désespérée pitié pour la destinée humaine qu’aucune littérature ait jamais réalisée, pouvaient-ils naître d’une âme faible et sans hardiesse ?

Contrairement à la généralité des poètes, ses vers ne sont pas des vers de jeunesse. Ils sont une tardive manifestation intellectuelle, le fruit d’une véritable douleur profondément ressentie.

Toute jeune pourtant elle s’était essayée à la versification, et, vers treize ou quatorze ans, fit une tragédie de la triste histoire de Marie Stuart, sujet de composition donné par son professeur. Elle se plaisait à en citer un vers, dans lequel sa pensée de plus tard se pressent déjà :

Pour mourir aujourd’hui la nature est trop belle !

Plusieurs de ses essais se sont trouvés conservés. L’un d’eux, intitulé Renoncement, est