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à l’esbroufe, tapeur, bluffeur, menteur, chanteur. Il n’est le portrait de personne.

Combien était loin la première phrase par laquelle m’avait accueilli M. Abel Hermant ! Tout l’intéressait, disait-il, sauf la littérature, et pourtant de quoi avions-nous parlé toute une heure, si ce n’est justement de littérature ? Avait-il simplement voulu s’accorder la joie intime d’un joli paradoxe, et retournait-il maintenant à une opinion plus banale ?... Comme je me trompais à imaginer que M. Abel Hermant eût pu une minute ne pas être sérieux ! Cette affirmation, qui m’avait tant étonné et qui m’apparaissait surtout comme un jeu de son esprit, il n’éprouvait nulle envie de l’abandonner.

— J’ai en horreur, reprenait-il, la superstition de la littérature, et j’ai en horreur l’étroitesse de l’esprit uniquement littéraire. Ce qui est intéressant, c’est de vivre, d’apprendre et de comprendre... La littérature n’est qu’un moyen d’expression... L’intelligence seule, dans toutes ses manifestations, me passionne.