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M. ABEL HERMANT


— Tout m’intéresse, sauf la littérature.

Très doucement, d’une petite voix mince et lente, assis, les jambes croisées, près de la cheminée, un sourire flottant sous la moustache qui se retrousse sur les lèvres à peine ouvertes, M. Abel Hermant, sans se hâter, sans chercher d’effet, sincère et correct, a prononcé cette courte phrase. Si habitué que je sois à des révélations inattendues, celle-ci m’a surpris vivement. S’il est fréquent qu’un fonctionnaire n’aime guère la profession qu’il se trouve exercer, il n’arrive jamais qu’on entende un littérateur se laisser aller à une semblable confidence, et M. Abel Hermant, dont la carrière est brillante et considérable, semble avoir, moins que tout autre, le droit d’exprimer un sentiment si imprévu. Tout, d’ailleurs, ne témoigne-t-il pas, dans cette pièce, qu’un homme de lettres l’habite, ces hautes bibliothèques dans le style de l’Empire, ces revues et ces livres rangés sur la table ronde, cette