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moi-même je dis ce que j’avais vu. Puis je dissertai du Mystère, le mystère dans l’art et la nature, et du Nocturne, le mystère dans la vie et dans l’âme. C’étaient là des sujets qui réalisaient absolument les pensées les plus contraires au caractère de ceux qui me recevaient, c’est pourquoi sans doute ils furent écoutés avec tant de faveur. Dès lors, j’étais victorieux, et quand, les jeudis suivants, je me complus à des variations infinies et habiles sur Le Temple, où j’étudiais l’élan universel de l’humanité vers le divin, sur L’Écrin, où je causais des pierres, êtres vivants et magnifiques, sur Le Jardin, où je composais un bouquet à la gloire de toutes les fleurs, j’eus la joie de sentir que mon auditoire m’appartenait. Aussi je compte bien retourner là-bas, mais, cette fois, à Washington, d’où je rayonnerai. »

M. de Montesquiou se leva, et nous l’imitâmes et, sans doute afin d’éviter les applaudissements et les éloges dont nous brûlions de le remercier, il nous pria de le suivre. Nous obéîmes et, durant une heure, il nous promena ainsi, cicérone bienveillant et séduisant, à travers les richesses entassées à tous les étages, splendeurs et délicatesses d’Europe et du Japon, disposées et ordonnées selon le goût le plus sûr, le plus fin et le plus harmonieux. C’est tout un livre qu’il faudrait pour décrire ce musée incomparable. Enfin, après avoir tout visité, nous arrivâmes dans une petite chambre où la lumière ne pénétrait que par une étroite et basse fenêtre. Les murs étaient couverts de por-