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LE COMTE
DE MONTESQUIOU-FEZENSAC

Comme M. Robert de Montesquiou-Fezensac, poète et gentilhomme, était rentré d’Amérique, je fus le voir, curieux d’apprendre de lui-même l’accueil réservé à ses conférences par la riche société de New-York. À l’heure où je sonnai au Pavillon des Muses, un devoir mondain l’éloignait pour quelques instants de sa demeure. M. de Yturri, son ami, voulut bien se mettre en peine de me faire prendre agréablement le temps en patience ; tantôt assis, les jambes croisées et les mains jointes, d’une voix chaude que ne dépare point l’accent exotique, il qualifiait par des épithètes admiratives le voyage terminé ; tantôt, se levant, il montrait et louait la salle à manger voisine, où s’inclinait sur la table un minuscule cèdre japonais soigneusement apporté des États-Unis. La salle où nous nous trouvions était immense et haute, éclairée par de grandes baies vitrées ouvertes sur le boulevard