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à prouver l’existence de ces cellules et leur rôle ?

Élie Metchnikoff hocha la tête, demeura sur son escabeau, et, la main tendue et ouverte comme pour une démonstration :

— J’ai commencé, fit-il, par des animaux tout à fait inférieurs et transparents, l’étoile de mer, par exemple… J’inoculais le microbe, et, avec le microscope, je voyais admirablement ce qui se passait : le microbe pénétrait, l’organisme réagissait et détruisait le microbe ; si le microbe était mobile, il devenait immobile ; s’il avait été coloré, il perdait sa coloration ; il se transformait enfin en un amas de granulations. J’ai expérimenté ensuite sur des animaux supérieurs. Alors, ç’a été plus compliqué. Voilà un cobaye : j’inocule le microbe, une heure s’écoule ; je le retire, il est intact. Je l’inocule de nouveau, trois heures s’écoulent ; je le retire, il a été englobé par des globules blancs, mais il vit encore. Vingt-quatre heures après, il est mort. N’ai-je pas le droit de conclure qu’il a été détruit par les globules blancs ? À ces expériences se sont ajoutées des observations sur les singes et sur les hommes.

Simplement, comme s’il eût parlé des sujets les plus ordinaires, Élie Metchnikoff racontait le passé et traçait l’avenir. Cette peur folle de la mort, roi des épouvantements, qui saisissait Tolstoï, en pleine force de vie, et le laissait angoissé et désespéré devant l’inconnu terrible de « ce qui vient après », et que bien avant lui Pascal avait ressentie et subie, il ne la connaissait point. Son courageux