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pays ne me le permettait pas. L’Institut Pasteur fut fondé. Pasteur m’accueillit, il y a quinze ans, et me nomma chef de service, et c’est ici que j’ai pu démontrer par des faits la vérité de mon hypothèse. Toutes les parties de notre organisme renferment des cellules, douées d’une mobilité propre et capables de dévorer toute sorte de corps solides, ce qui leur a valu le nom de phagocytes, ou cellules voraces. Ce sont ces phagocytes qui se réunissent en grand nombre autour des microbes et les dévorent ; ce sont eux encore qui résorbent les épanchements sanguins et les divers autres éléments qui s’introduisent dans les endroits où ils ne peuvent remplir aucun rôle utile. Il y a deux grandes catégories de phagocytes : de petits, toujours mobiles, appelés microphages ; de grands, tantôt mobiles, tantôt fixes, les macrophages. Les premiers circulent dans le sang et constituent une partie des globules blancs : les seconds agissent surtout pour la cicatrisation des plaies. Tous ont une sorte d’odorat ou de goût qui leur permet de reconnaître la constitution du milieu qui les entoure et, selon l’impression reçue, ils s’approchent des corps qui la provoquent, restent indifférents, ou même s’en éloignent. Vous avez eu la fièvre typhoïde, en aspirant dans l’eau des microbes qui ont envahi vos tissus, et vous avez guéri ; c’est que les microphages ont dévoré et digéré ces microbes.

— Mais, demandai-je, stupéfait par cette bataille incessante à laquelle mon corps servait de terrain, par quelle série d’expériences avez-vous pu arriver