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x prêt à le battre. Tout l’émouvant tableau des années lointaines de ce gamin amer et philosophe, qui furent les siennes, se déroulait devant lui.

— Oui, comme tous les enfants, soupira M. Renard, un beau jour j’ai eu envie de me pendre… C’est bien mon enfance que j’ai racontée… Mme Lepic vit encore, Étiennette aussi. Félix est mort.

Un sourire indulgent et charmant flotta sur ses lèvres : aujourd’hui, il n’attachait plus grande importance à ce suicide manqué, c’était un souvenir qui l’amusait, d’autres soucis occupaient son cœur et son esprit.

— Je ne connais que ce petit coin de terre, car je ne voyage jamais. Comme ma mère habite toujours Chitry, j’ai loué une maisonnette à Chaumot, tout près, j’en suis conseiller municipal, et non seulement j’y vais aux vacances, mais aussi souvent dans l’année pour les réunions du conseil. J’écris des articles dans L’Écho de Clamecy, où je traite des questions morales et pédagogiques ; je suis délégué cantonal, je fais des conférences populaires, où je parle de Hugo, de Michelet, de Molière…

Un instant, la voix se tut, puis M. Renard ajouta :

— Eh bien ! je suis vingt fois moins connu chez moi qu’à Paris. Les gens ne peuvent pas admettre qu’un homme qu’ils ont vu enfant ait acquis, loin d’eux, une certaine célébrité. Je n’ai aucune influence comme conseiller. D’ailleurs, j’ai une détestable réputation : je suis « le socialiste et le païen ». Quand je fais une conférence, on écoute très attenti