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LES EXILÉS

grande semaine : quelle honte ! Michel a Trouville en horreur, est-ce bête !… Nous irons à Biarritz en septembre, par compensation.

Et ce voyage dans l’Allemagne du sud, questionna Héring, vous le faites en auto, naturellement ?

— Naturellement.

— Le jour où Michel voyagera autrement qu’en automobile…

Michel Aubray, caressant son épaisse barbe noire de brave géant, se mit à rire d’un bon rire sonore.

— L’automobile, c’est ma vie, mon vieux Claude ; depuis onze ans que j’en fabrique, je n’ai pas eu une minute d’ennui. L’usine et la grand’route, voilà où je me plais. Tout de même, quand je suis sur le siège, une paire de lunettes sur les yeux, les mains au volant, et que je conduis à travers la campagne une bonne petite voiture qui avale tranquillement ses quatre-vingts à l’heure, c’est alors que je suis le plus content.

— Et tu n’admires rien : tu roules, ça te suffit.