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LA QUESTION D’ALSACE

et continuée plus tard par Fischart, qui fit passer, à son tour, dans la littérature allemande un peu du ton cru et de la gauloiserie qui distinguaient le génie de Rabelais. » Encore aujourd’hui, c’est un Alsacien, Henri-Albert, de Niederbronn, qui révèle Nietzsche à la France, et c’est un autre Alsacien, Henri Lichtenberger, qui nous expose sa philosophie. Or, tandis que l’Allemagne, afin de germaniser l’Alsace, veut lui imposer la seule culture allemande, l’Alsace veut conserver la culture française. Cette culture lui semble supérieure et les Alsaciens sont convaincus que sans elle ils seraient diminués moralement et intellectuellement, pour ne pas dire supprimés. Tous les efforts de ce petit pays seront dès lors tendus à résister aux efforts patients à la fois et violents de l’énorme empire qui se l’est annexé. En réclamant son autonomie, l’Alsace veut n’être plus terre d’Empire, mais État confédéré parmi d’autres États confédérés, c’est-à-dire être libre, Alsacienne, appartenir aux Alsaciens.