Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
LE BEAU JARDIN

pour la France une magnifique pépinière de magnifiques soldats, c’est que l’organisation démocratique de cette armée, le traitement humain du soldat, la possibilité pour chacun d’atteindre les plus hauts grades — au contraire de ce qui se passe dans l’armée allemande — répondaient aux sentiments les plus profonds de l’Alsacien.

Voilà donc, brièvement résumé, en quoi cette nouvelle génération, qui vivait au milieu des Allemands, se reconnaissait, pour ainsi dire chaque jour, différente d’eux. Ces jeunes Alsaciens ne peuvent pas être Français : ils seront donc Alsaciens, et rien qu’Alsaciens, puisqu’ils ne peuvent pas être autre chose. Mais ils ne peuvent être vraiment Alsaciens que s’ils gardent, comme une des parties constitutives de leur caractère propre, ce qui forme le patrimoine français : « Ils sentent, a écrit Maurice Barrès, ne pas pouvoir vivre, s’ils cessent de se donner la culture qui les fit tels qu’ils sont… Replié sur lui-même,