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LE BEAU JARDIN

1898 et que M. Preiss, député de Colmar, a pu, d’une saisissante expression, appeler « la paix du cimetière ».

La nouvelle génération atteignait cependant sa trentième année. Celle-là n’avait connu ni le régime français ni les Français ; née sur le sol alsacien annexé, elle y avait grandi, elle avait vécu au milieu des Allemands, elle avait reçu l’enseignement dans les écoles et à l’Université allemandes, elle avait servi dans l’armée allemande. Loin d’avoir, par ces rapports quotidiens avec les Allemands, acquis quelque sympathie pour eux, elle s’était tout de suite rendu compte combien elle était dissemblable de ses maîtres, combien aussi elle leur était supérieure, et enfin qu’elle leur était supérieure, parce qu’elle avait un patrimoine français.

Les Allemands, en prenant l’Alsace, prétendaient ramener à la vieille patrie des frères perdus. Or, quand les Alsaciens les virent, fonctionnaires, officiers, sous-officiers,