Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
LE BEAU JARDIN

urgentes : ils ne voulaient pas être hypnotisés, dans leur activité, par la ligne lointaine des Vosges. Dans un tel état de choses, il eût été naturel que l’Alsace, s’éloignant d’une patrie négligente jusqu’à l’indifférence, cherchât, en se rapprochant du vainqueur, à gagner ce qui pouvait servir ses intérêts et sa tranquillité. Si cela s’était passé, personne en France n’aurait eu le droit de le reprocher à l’Alsace. Quand un fils est prisonnier de l’étranger, le père qui ne se soucierait pas de l’arracher aux mains ennemies et cultiverait sans regret son champ, ne pousserait-il pas de lui-même son enfant à le renier ?

Par bonheur, il n’en va pas ainsi : pour l’Alsace, la France demeure toujours la patrie rêvée, celle qui est chère à son cœur comme à son esprit, celle qui contente tous les besoins de sa sensibilité et de son intelligence, celle avec qui elle éprouve que tout est commun dans la pensée, dans le goût, dans l’idéal, dans le génie enfin. Seulement la pé-