Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
LA TERRE D’ALSACE

où les paysannes serraient leurs atours, ou des coffrets qui protégeaient leurs bijoux, aucun qui ne fût orné de fleurs ou de fruits allégoriques, d’emblèmes tendres, et quelquefois de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, maladroitement copiées d’une vieille bible. La vaisselle de faïence était décorée de fleurs et de coqs, où le vert et le jaune s’associaient gaiement. Les entrelacs byzantins ou l’aigle impériale ouvrageaient les dossiers des chaises. Tout était enjolivé : le tonnelet en grès où fermentait le vinaigre, le baril qui transportait le vin aux champs, les pots où caillait le lait, les rouets et jusqu’aux aunes qui mesuraient la toile bise à raies rouges. Chaque artisan avait, comme le paysan, de l’amour-propre, et voulait se distinguer.

Et cependant un bon sens pratique ne laissait jamais l’amour-propre s’égarer. Car cela encore caractérise le paysan alsacien, qu’il est pratique. Il est pratique dans la disposition même du village. Dans la montagne il