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LA TERRE D’ALSACE

Ces maisons ont ainsi une partie de leurs fenêtres sur la rue, ce qui permet de se mêler au mouvement du village — symptôme de sociabilité — et leur porte s’ouvre sur une cour close, ce qui en rend l’accès plus difficile — symptôme de méfiance. Les grands toits de tuiles, les auvents qui abritent en automne les épis de maïs, les logettes en saillie, les poutrages apparents, les fenêtres fleuries et encadrées de bois sculpté, les murs fraîchement blanchis à la chaux confessent avec naïveté le bonheur de posséder. Le nom du propriétaire et celui de sa femme sont toujours gravés en un endroit bien visible de l’immeuble, et souvent on y ajoute un conseil ou une devise. À Mitesheim par exemple, une maison porte la date de 1785 ; entre les poutrages les murs sont ornés de fleurs, d’animaux héraldiques, de scènes champêtres : et au-dessus de cette décoration très primitive, on lit, bien en évidence, l’inscription suivante en dialecte : « Au lieu de rester là, bouche béante, à regarder comme un singe, tu ferais