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LE BEAU JARDIN

et riche, ses eaux claires, ses montagnes arrondies, ni collines, ni Alpes, boisées d’essences diverses et jamais nues, ses villages rapprochés, ses maisons rassemblées, ait produit et conservé une race. Nul peuple, d’une part, n’a plus constamment tendu à s’individualiser, et nul peuple, d’autre part, ne compose avec le sol un ensemble plus harmonieux que le peuple alsacien avec l’Alsace. Il est généreux, parce qu’il a du superflu sans le luxe ; discipliné, parce qu’il ne travaille pas isolé ou en lutte contre la nature ; réfléchi et lent, parce qu’il n’a pas de peine à vivre ; il a l’esprit large, parce que son horizon est grand et lumineux ; il a gardé de ses anciennes villes libres le goût et le besoin de la liberté ; il est bonhomme, parce que son ciel est doux, mais il ne s’en laisse pas conter, et sa bonhomie cache une force incomparable de résistance : il peut subir l’inévitable, car il saura toujours maintenir, selon le mot de Maurice Barrès, ce qui ne meurt pas. L’Alsace n’a jamais été et ne sera jamais allemande ; elle