Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tes veines, un sang qui, jusque dans le plus terrible désastre de la patrie, ne veut pas subir l’insulte et se révolte ! En écoutant ta voix qui tremble, en contemplant ton visage si ridé et ton corps si frêle, sur lequel pèsent quatre-vingt-douze années d’existence, je comprends mieux encore tout ce que mon pays, qui est le tien, a perdu en perdant ces provinces. Nos rois, qui ont, avec une si patiente intelligence, cousu la France morceau par morceau, n’avaient pas seulement, en ajoutant l’Alsace-Lorraine au plus beau royaume sous le ciel, ajouté de magnifiques territoires où la beauté s’unit à la fécondité ; ils n’avaient pas seulement assuré la frontière, et mis, selon cette vive expression, les clefs de la maison dans leur poche, au lieu de les laisser aux mains de l’Allemagne : ils avaient encore accru la valeur de la race par la singulière valeur des nouvelles populations. Ici, dans ces champs et dans ces forêts, naissaient des hommes travailleurs, sérieux, réalistes et que ne troublaient point les nuées ; ici, nais-