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Alors elle parla.

Elle n’avait rien oublié.

Les premières fusillades des défenseurs contre les reconnaissances, les premiers coups de canon, les fausses dépêches annonçant des victoires françaises, les parlementaires s’en venant proposer la capitulation et s’en retournant déçus, toute la population civile unie aux militaires dans le même sentiment de résistance, le capitaine Mondelli cherchant à Paris et à Bordeaux des instructions, les obus crevant et incendiant les maisons ; depuis quarante ans sa mémoire n’avait pas faibli. Elle décrivait encore le drapeau offert par la ville aux soldats, et la couronne de lauriers remise au commandant par les dames de Niederbronn.

Je l’écoutais, infiniment ému. Elle s’interrompit.

— Et quand les Allemands sont entrés ? demandai-je.

Elle joignit les mains.

— Ah ! monsieur, fit-elle.