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avec ses murs rouges, bâtis sur le roc, les routes de Strasbourg, Phalsbourg, Sarreguemines, Deux-Ponts, Landau et Wissembourg. Les collines qui l’entourent abaissent leurs couronnes verdoyantes : l’horizon est immense. On ne voit qu’elle, gardienne vigilante qui, située sur un sommet haut de plus de trois cent cinquante mètres, surveille la contrée. Dans cet isolement, elle personnifie aujourd’hui la pensée allemande, sans relâche tournée vers la préparation de la guerre. À ses pieds se tasse la ville ; un gros village plutôt. Quand on y pénètre, quelle tristesse ! Des rues désertes, où de temps en temps passe un soldat en tenue de corvée ; d’humbles magasins avec de médiocres étalages, des maisons qui semblent inhabitées : le vide que créent autour de lui un fort à qui tout est sacrifié, et l’inutilité de vivre où peut-être demain retentira le canon.

Cependant je cherchais quelque survivant du siège : on m’indiqua une vieille Lorraine, qui dans huit ans, si Dieu ne la rappelait