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secondé : « Plus tard, chacun de vous sera fier de pouvoir dire : J’appartenais à la garnison de Bitche. »

Dans ce mois cruel, où chaque Français doit commémorer en son cœur, sinon sur la terre même d’Alsace-Lorraine, les sanglantes batailles qui abattirent la patrie, j’ai voulu accomplir pieusement le pèlerinage de Bitche.

Quand on vient d’Alsace, le chemin est merveilleux. Traversant les Vosges septentrionales, il suit l’étroite vallée du Falkenstein, toute bordée d’épaisses forêts. La rivière coule, sinueuse, à travers les prés ; sur la route les bergeronnettes et les pinsons s’effarouchent à peine au bruit des voitures ; de grands rochers se dressent, que reflète parfois un étang ; au bord d’un bois, un chevreuil, enfoncé dans les herbes, lève la tête et s’enfuit. Un silence accablé de chaleur. La route monte, débouche sur un plateau, et Bitche apparaît.

Encore ceinte des remparts que construisirent les Français, la forteresse commande,