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lages où les paysans n’entendent que sa langue et qu’une ligne chimérique sépare des autres villages de la Lorraine française : abandon de toutes les traditions qui constituèrent notre pays, traditions du cœur et de la raison.

Le simple spectacle de la rue exprimait un reproche.

Comme je regardais, un après-midi, à la vitrine d’un magasin, des gravures qui représentaient les exploits des Allemands en 1870, une jeune voix s’écria : « Penses-tu qu’ils aient osé exposer une seule gravure où il y ait des pioupious français ! Ah ! j’aime mieux admirer celle-là. » Je me retournai : un grand garçon d’une vingtaine d’années, montrait de la main le défilé des étendards devant Napoléon Ier. Presque au même moment, un petit mitron passait à bicyclette. Il bouscule et éclabousse un vétéran ; le vétéran fulmine, menace, brandit le poing. Le petit mitron donne un coup de pédale, fait un pied de nez, et crie, gouailleur, avec un horrible jeu