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nie, c’était moi qui portais son sabre, et quand nous avons déjeuné sur l’herbe, j’avais son sabre tout contre moi. Il était si beau, son sabre !

Une autre, aux cheveux blancs, très douce, me disait :

— Moi, monsieur, le jour où les pantalons rouges reviendront, je ne serai pas étonnée… Les autres, je ne les regarde pas, je ne les vois pas ; je sais qu’ils ne sont là que pour un temps… Cependant, je voudrais bien vivre assez vieille…

Une autre, qui était jeune et portait une robe de deuil, me disait, avec un peu d’amertume :

— Les Français, monsieur, sont tout de même bien drôles. Je suis allée en France l’an dernier chez des amis, et ils m’ont dit avec étonnement : « Tiens, vous n’avez pas l’accent allemand. » J’étais stupéfaite : « Mais comment aurais-je l’accent allemand, leur ai-je répondu, puisque je ne sais pas un mot d’allemand ? — Ah ! nous croyions, ont-ils