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voyant des voyageurs éprouve vite qu’ils ne constituent pas la vraie population de Metz, qu’ils sont là par hasard, par un caprice du destin, provisoirement, et que les vrais habitants ce sont ce boucher qui s’appelle Jacquet, ce pâtissier qui s’appelle Bertrand, ce mercier qui s’appelle Comte, ce mercier qui s’appelle Durand, et ces gamins vifs qui parlent un si joli français que l’accent un peu traînard de Metz rend si mélancolique !

Écouter parler les Messins, quelle torture ! Une femme me disait :

— Moi, monsieur, dès que je l’ai pu, j’ai fait partir mon fils. Ah ! j’ai pris souvent le train pour le voir. Le temps de son service est arrivé : on l’a versé dans l’artillerie, à Orléans. Sans l’en avertir, la première année, j’ai écrit à son capitaine pour qu’il le laisse venir à la cérémonie de Mars-la-Tour : le capitaine lui a donné deux jours de permission. J’ai trouvé mon fils à Mars-la-Tour ; ah ! si vous m’aviez vu toucher son sabre, son grand sabre d’artilleur ! Pendant la cérémo-