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quatrième classe emmenaient vers les champs de bataille avec leurs femmes et leurs enfants ; j’écoutais leurs souvenirs, leur confiance, leur orgueil ; je me perdais au milieu de ces hommes dont la discipline et l’enthousiasme ont abattu la France et constitué l’Allemagne ; je les suivais à travers ces villages dont nul habitant ne sait l’allemand et dont les paysannes ont le limpide regard français. Sur les grands plateaux messins, que sillonnent les tombes, j’écoutais leurs orateurs prononcer au pied des monuments, le bras tendu vers la frontière, de belliqueux discours, tandis que claquaient au vent les drapeaux des associations, puis la foule chanter l’hymne des aspirations nationales : Deutschland über alles. Je descendais au fond des cuves et des ravins, où se livrèrent des luttes si sanglantes, et où maintenant, sur le gazon, se gorgeaient de bière et de charcuterie, semblables à des barbares en ripaille, les vieux soldats, leurs fils, leurs filles et leurs maris. Parfois, sur la route, le