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plistes, tout ce qui est situé au delà de la frontière de l’Est se dénomme Prussien. Il y a deux ans, un aubergiste de Mars-la-Tour, que je pressais de me servir, car je devais rentrer le soir dans le pays messin, me dit :

— Ah ! vous êtes de la Prusse…

La Prusse, c’étaient, derrière les bois, les villages lorrains, Châtel-Saint-Germain, Sainte-Marie-aux-Chênes, Gravelotte, où personne ne sait l’allemand et qui attendent, avec une patience jamais découragée, depuis quarante et un ans, la délivrance…

L’oubli dont souffrent encore Erckmann-Chatrian, je ne crois point cependant qu’il dure. Tout, à l’heure actuelle, concourt à leur rendre la place qui leur est due : la faveur de la littérature régionaliste qui peint les divers aspects de la France, l’intérêt renaissant des Français pour l’Alsace, le goût des œuvres claires et vraies. On rouvrira leurs livres, on les relira, et l’on s’apercevra qu’ils ont été des initiateurs ; — initiateurs, avec