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un héros sans défaillance et que tourmente le seul désir de la gloire ; il est à la fois plein de faiblesses et de vertus : il est « humain ». Peu à peu il s’aguerrit. À Leipzig, quand il comprend enfin que maintenant la France lutte pour ne pas mourir, l’âme du soldat surgit en lui : il se bat avec rage. Ce conscrit accomplit tout son devoir ; il l’accomplit humainement, avec des craintes et de la fureur, avec des plaintes et avec du courage, avec des larmes et avec de la résolution : il est vrai, et c’est là ce qui importe.

Si durant « l’invasion » il ne s’était pas trouvé à Waterloo, — où devant la défaite il ne pensait plus ni à sa femme ni à Phalsbourg, mais seulement et en sanglotant à la France, à la patrie qui criait : « À moi, mes enfants, je meurs ! » — il eût été de ces sabotiers, de ces contrebandiers, de ces bûcherons qui entravèrent, plusieurs jours, dans les Vosges, à coups de fusils, à coups de rochers, la marche des troupes ennemies. Après 1870, Erckmann ne se consolait pas que l’armée