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avait regagné la France ; après la campagne désastreuse de 1812, une autre allait recommencer, et le peuple jugeait que l’Empereur avait déjà versé plus de sang pour procurer des couronnes à ses frères, que la Révolution pour assurer à la France les droits de l’homme. Le conscrit part, le cœur plein de tristesse, parce qu’il laisse sa fiancée, ses parents, ses amis, sa petite ville, tout ce qu’il aime, et qu’il s’en va peut-être vers la mort. Tout de même, alors que les réfractaires se comptaient par milliers, que les mères poussaient leurs fils à déserter, et que parfois les détachements de conscrits s’éloignaient enchaînés, Joseph Bertha ne songe pas à s’enfuir. Il n’est pas robuste, il a des regrets bien naturels, mais il n’est pas lâche. Seulement, la campagne de 1813, au début, ne lui apparaît pas encore comme une campagne de défense nationale : il ne se bat d’abord que pour protéger sa vie contre ceux qui veulent la lui ôter. Il pleure, quand il pense à sa fiancée, il a le mal du pays ; il n’est pas