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germaniques, là où l’on fut toujours passionnément républicain et passionnément patriote. Enfin, mêlé à tant de tragique, le charme des mœurs et des paysans alsaciens.

Ce succès pourtant ne devait pas être durable. Beaucoup ne pardonnaient pas à ceux qui avaient contribué à ébranler le second Empire, et les auteurs de nos désastres cherchaient sur qui en rejeter les lointaines responsabilités. Une fois déchaînée, la calomnie ne s’arrêta pas. On raconte qu’un jour, dans le bureau du Constitutionnel, Sainte-Beuve dit à Chatrian :

— Je voulais vous consacrer un de mes Lundis, mais je ne le ferai pas ; vos romans sont l’Iliade de la peur[1].

— Monsieur, — riposta Chatrian, — mon collaborateur et moi, nous sommes de familles qui ont fait le coup de feu contre

  1. Un autre, avant ou après Sainte-Beuve, — n’est-ce pas le sculpteur Préault ? — passe pour avoir donné d’Erckmann-Chatrian, avec la liberté de l’argot, une définition analogue : « L’Homère du Taf. »