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bon. Jamais je n’ai écrit aussi facilement, aussi involontairement. J’étais Mathéus en personne. Je ne portais pas mon travail, il me portait. Cela allait tout seul, dans la joie, dans l’abondance. Peut-être quand Mathéus n’était pas en scène, ma main se ralentissait-elle un peu. Mais je le rappelais vite. Alors je recommençais à vivre, sans hésitation, sans embarras, avec délices. Il me semble que voilà la vérité en littérature. Elle s’impose à nous, elle nous conduit en nous enchantant.

Il ne cachait pas qu’il détestait délayer. « Un roman, disait-il, est une nouvelle sur laquelle on a renversé un encrier. »

Si Erckmann-Chatrian n’avaient été que des écrivains alsaciens, peut-être, et même sans doute, n’auraient-ils pas conquis cette grande réputation dont ils ont joui de leur vivant ; mais ils ont, en outre, été des romanciers populaires. C’est un genre éminemment ingrat que le roman historique. Si l’on suit avec fidélité, dans un roman historique, la vie d’un souverain, d’un général, d’un homme politique, l’invention romanesque est forcé-