Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de grossir, et pour aimer autant les héros et les comparses de ses romans, s’intéresser à eux, s’attendrir sur eux, s’amuser d’eux. Et si Dickens, grâce à son réalisme et à sa sensibilité, a créé des types inoubliables, M. Pickwick, M. Micawber, M. Peckniff, master Silas Wegg, — pour les mêmes raisons Erckmann et Chatrian ont créé des personnages si originaux et si vivants, — l’illustre docteur Mathéus, l’ami Fritz, l’oncle Zacharie, le grand-père Lebigre, l’horloger Goulden, — qu’on peut dire de tel ou tel individu, sans se tromper : « C’est un personnage d’Erckmann-Chatrian. »

Ces personnages, la nature les entoure sans cesse, comme leurs aventures. S’ils sont heureux, s’ils sont malheureux, ils ne le sont pas seulement en eux-mêmes, et ce qui leur arrive n’arrive pas seulement dans le secret de leur âme. La nature — la nature alsacienne — n’est jamais absente ni oubliée, mais toujours présente, avec ses mille bruits familiers, — bruit du ruisseau, bruit du vent, bruits de la