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plaire aux yeux se rassemble entre les Vosges et le grand fleuve. Une poésie s’exhale de partout, poésie tendre des fraîches vallées, large poésie des immenses horizons, exaltante ou mélancolique poésie du souvenir.

Or, la saveur spéciale de ce caractère et de ces mœurs, la multiple beauté de cette nature, personne ne les a, comme Erckmann-Chatrian, rendues sensibles. Ce que Lamartine admirait, disait-il, dans leur œuvre, c’était la naïveté de la vie. Louange si juste ! Pas d’intrigues compliquées, même dans les contes fantastiques : les aventures qui arrivent à tout le monde, un bon garçon réjoui qui ne veut pas se marier et que l’amour conduit au mariage, deux frères qui se haïssent et dont les enfants s’aiment, un jeune instituteur amoureux d’une hôtelière jeune, jolie et riche, un joueur de clarinette qui n’épouse point celle qu’il aime. Cela, c’est la vie quotidienne, dans le cadre de la petite ville, ou du hameau forestier, ou du village prospère qui repose dans la plaine, de ceux qui les habi-