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délicatesse, et aussi le goût de la bonne chère, des bons vins et des bons meubles, — tout cela caractérisait avant la guerre les mœurs des habitants. On était honnête spontanément et par tradition, on était digne, un peu fier même, mais, dans cette dignité, il n’entrait nulle morgue : elle était naturelle. Cependant, comme on habitait une terre féconde, on aimait tout ce qu’elle produisait d’excellent. La nature est merveilleuse, parce qu’elle est infiniment variée. La montagne, riante ou sauvage, avec ses massifs de rochers rouges, ses forêts de châtaigniers, de chênes, de sapins et d’ormes ; la plaine, où les prés, les houblonnières et les vignobles déploient une calme splendeur, que les villages sèment de taches écarlates avec leurs toits de tuiles et que borde le Rhin bleu et vert ; les vieux châteaux écroulés et les vieilles tours en ruines ; les petites rivières perdues sous les arbres et vers lesquelles se penchent les iris ; les routes plantées de sorbiers, de quetschiers et de cerisiers, — tout ce qui peut émouvoir l’âme ou