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de moissonner la gloire par brassées. D’ailleurs, s’ils ne choisissaient pas le métier des armes, les Alsaciens, soit dans l’enseignement, soit dans les sciences, soit dans la magistrature, brillaient au premier rang.

Rien ne froissait en France l’instinct de l’égalité si profond chez les Alsaciens, et, en même temps, dans leur petit pays où le gouvernement nommait presque tous les fonctionnaires parmi les indigènes, leur sentiment particulariste était ménagé autant que possible. Ainsi unie à la patrie par les liens les plus puissants du cœur et de l’esprit, la vieille province gardait son visage.

En nul endroit du monde, je crois bien, la vie familiale n’a été plus douce, plus intime, plus confortable aussi. Sur cette terre frontière qui était, entre la nation germaine et la latine, une terre si propice aux échanges de l’intelligence, elle participait à la fois de la Gemüthlichkeit allemande et de la vivacité française. Une bonhomie qu’avivait une fine ironie, une hospitalité affectueuse, de la