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nue allemande par la force, a trouvé d’autres voix pour dire ses souffrances, c’est dans Erckmann-Chatrian seul que s’exprime l’Alsace, province de France.

Elle était heureuse, cette Alsace. Heureuse d’être française, d’abord. Démocratique, elle retrouvait ses traditions dans les traditions de la France révolutionnaire ; la Révolution avait cimenté son union avec la France, parce que les principes de 1789 répondaient aux idées des ancêtres, bourgeois de villes libres, et, à la veille de 1870, les deux départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin formaient un des foyers libéraux les plus agissants. De plus, comme l’Alsace avait l’âme guerrière, éprise de l’uniforme, de la poudre, du sabre, le nouveau régime de l’armée, où le mérite, et non plus la naissance, affirmait le droit, permettait à ses plus humbles enfants, fils de concierge comme Rapp, paysans comme Lefèvre, fils d’un gardien de ville comme Kléber, de s’élever aux plus hauts grades, et, maréchaux, capitaines ou troupiers,