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envoyé par lui à Erckmann ou présenté par lui à un éditeur, s’occupant avec clairvoyance et sévérité des stipulations commerciales avec les éditeurs, encaissant le produit de l’œuvre et faisant le partage des bénéfices de la collaboration…

Ainsi se rompait, sur une question d’argent qu’aggravaient des sentiments de jalousie personnelle, une amitié et une collaboration qui semblaient indissolubles, et elles se rompaient par le plus lamentable des débats. Songèrent-ils, à ce moment, Erckmann et Chatrian, à leur première rencontre, à leurs premiers projets, à leurs anciens espoirs ? La rupture d’une vieille amitié l’emporte en tristesse sur la rupture d’un amour. L’amour le plus violent, avec l’apparence d’unir, oppose toujours deux adversaires ; dans l’amitié, il n’y a que deux amis. Chatrian ne survécut pas longtemps à ce procès ; paralysé, il mourut l’année suivante. Erckmann vécut encore quelques années, retiré à Lunéville.

En 1898 il écrivait à M. Jules Claretie :

J’ai été frappé d’hémiplégie incomplètement du côté gauche : l’œil, le bras et la jambe de ce côté